Altérations profondes de la personnalité sous benzodiazépines : un phénomène sous-estimé ?

L’impact à long terme des benzodiazépines sur la personnalité demeure un domaine encore peu exploré, malgrè des observations cliniques récentes qui révèlent parfois des transformations radicales chez certains patients sous traitement prolongé.

Si les effets neurocognitifs et addictifs sont bien établis, les modifications comportementales et identitaires – parfois dramatiques – n’ont été abordées que de manière fragmentaire et semblent souvent sous-estimées.

Plusieurs témoignages et études de cas rapportent que des patients, autrefois équilibrés, peuvent développer une apathie marquée, un détachement émotionnel voire une indifférence aux conséquences de leurs actes. Dans certains cas, cela se traduit par des choix de vie impulsifs et destructeurs, tels que des ruptures familiales soudaines, des décisions financières irrationnelles ou un abandon progressif de leurs responsabilités personnelles et professionnelles.

Sur le plan neurobiologique, ces transformations pourraient être associées à une altération des circuits limbiques et préfrontaux, qui jouent un rôle essentiel dans la régulation des émotions et le contrôle inhibiteur. La diminution de la neuroplasticité ainsi que l’effet dépressif des benzodiazépines sur le système nerveux central pourraient contribuer à un affaiblissement progressif de l’esprit critique et de la capacité d’adaptation, favorisant ainsi une dépendance non seulement à la substance, mais aussi à un mode de fonctionnement désengagé.

Ces changements impactent également les relations interpersonnelles : certains patients rapportent un émoussement affectif profond, une perte d’intérêt pour leurs proches ou même des comportements erratiques susceptibles de perturber leur entourage. On observe aussi, chez certains, une irritabilité chronique et un manque d’empathie qui fragilisent la stabilité des liens sociaux et exacerbent les conflits, tant familiaux que professionnels.

Malgré ces constats préoccupants, le nombre d’études longitudinales évaluant spécifiquement ces effets est très limité, et il reste difficile de distinguer les conséquences directes des benzodiazépines des manifestations des troubles psychiatriques sous-jacents. Il est donc urgent de réévaluer la pratique des prescriptions prolongées et de mener des recherches approfondies pour mieux comprendre l’impact de ces médicaments sur la structure même de la personnalité des patients.

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